Le 13 juin 2016, l’Assemblée Nationale a adopté le projet de loi “pour un nouveau pacte ferroviaire”. Le groupe Nouvelle Gauche, dont je fais partie, a voté contre ce projet de loi trop flou, trop incomplet, trop clivant. La stratégie du gouvernement et de La République en Marche lors du débat concernant cette loi commence à devenir si ce n’est prévisible, du moins habituelle avec cette majorité. Trois outils sont utilisés : “diviser pour mieux régner” en montant une partie des Français contre une autre, afin que le débat soit hystérisé et qu’une majorité de nos concitoyens soutienne le gouvernement ; annoncer des mesures graves, pour ensuite les retirer afin que les Français aient le sentiment que cette majorité écoute et dialogue ; et cristalliser le débat sur une unique mesure dont on sait qu’elle fait une presque unanimité.

Le débat autour de ce projet de loi a oublié de féliciter la SNCF pour son esprit d’innovation et pour sa réussite, qu’elle soit en France ou à l’international, alors même que cette entreprise est une fierté française, un des champions mondiaux du ferroviaire. Cette réussite n’est surement pas due qu’aux dirigeants de l’entreprise. Elle est aussi le fruit du travail des cheminots, amoureux de la France et du service public, pour qui le gouvernement n’a eu que mépris et réprimandes. Cette loi manque aussi de vision, de stratégie de long terme. Comment comprendre que cette loi ferroviaire soit présentée et votée avant la loi d’orientation sur les mobilités ?

En décidant de se passer d’études d’impact et de l’avis du Conseil d’État, la SNCF fait un saut dans l’inconnu, au moment même où sa dette constitue une réelle préoccupation, ce qui devrait impliquer une stratégie de long terme réfléchie. De même que cette réforme ne donne pas d’avantage au ferroviaire sur le routier, alors que la protection de l’environnement est un des enjeux majeurs du XXIème siècle et que le fer est un moyen de réduire à terme l’utilisation de l’automobile, notamment pour le transport de marchandises.

Je regrette enfin la procrastination de la majorité. Renvoyer à plus tard, notamment à la fin du quinquennat, les réponses aux interrogations essentielles concernant la SNCF est anormal voire digne de l’amateurisme. La reprise de la dette de la SNCF est une condition de sa survie et de son efficacité. Comme il est simple de promettre qu’elle sera reprise en 2020 tout en sachant que les contreparties exigées par l’Etat sont considérées comme intenables. Comme il est simple d’oublier le sort des petites lignes, indispensables à l’aménagement du territoire et au quotidien des Français, notamment ruraux. Nous ne pouvons imaginer une diminution de l’usage de l’automobile sans renforcer et investir dans le réseau de ces petites lignes ferroviaires. Cette démarche de la majorité qui légifère pour légiférer, aboutit trop souvent à des textes soit vides, soit mal faits, et est extrêmement préoccupante pour l’avenir de notre pays.