Je tiens à saluer le bon déroulement de l’opération tout à fait extraordinaire et singulièrement délicate qui a permis l’évacuation en quelques jours de milliers de réfugiés jusque lors entassés dans la jungle de Calais. Nous savons que les associations et des habitants de Calais accomplissaient une œuvre immense de solidarité pour accompagner ces populations sur place.

Mais la frontière avec l’Angleterre étant désormais quasiment étanche et les crises successives au Moyen-Orient et dans la corne de l’Afrique jetant de plus en plus de réfugiés sur les routes loin de chez eux, la France se trouve face au défi d’accueillir dignement des personnes réfugiées dont certaines souhaitaient initialement rejoindre l’Angleterre.

Dans ces conditions, la volonté exprimée par Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse de mettre à l’abri tous ces réfugiés adultes ou mineurs et les moyens considérables mis en œuvre pour leur proposer un hébergement, les informer sur leurs droits ouverts pour eux en France au titre de l’asile et les répartir sur le territoire afin de soulager la pression sur les habitants de Calais doit naturellement être saluée. Mais si cette opération inédite a pu être menée à bien, il ne s’agissait pas seulement de fermer un bidonville, comme naguère Sarkozy avait fermé le camp de Sangatte, mais de répondre par un accompagnement approprié à des situations de détresse insupportables.

De la même manière, la décision de la mairie de Paris de créer un centre d’accueil et d’orientation pour les milliers d’étrangers fuyant les drames dans leur pays et qui s’échouent régulièrement sur les trottoirs parisiens est courageuse. Certes, tout ne sera pas réglé miraculeusement et nous savons bien que la solution se trouve d’abord dans les pays d’origine, notamment en y combattant l’extrémisme islamiste, ensuite en obligeant le Royaume-Uni à prendre sa part de responsabilité.

Mais une fois installés en province dans tel ou tel village, les réfugiés sauront trouver un point d’ancrage et s’intégrer. Certains deviendront peut-être entrepreneurs, médecins ou avocats. Le défi reste cependant immense même s’il s’agit de quelques milliers de personnes pour 60 millions de Français, mais je demeure persuadée que notre pays saura le relever et se montrer digne et fidèle à sa tradition humaniste.