Monsieur le ministre, mes chers collègues.

L’éducation est un sujet qui nous concerne tous puisque l’éducation et la formation de nos enfants détermineront leur épanouissement personnel mais aussi l’avenir de notre pays. Nous ne pouvons pas oublier que nous faisons face à une forte concurrence internationale. La dernière étude PIRLS dévoilée début décembre, démontre le besoin urgent d’une prise de conscience générale et d’une meilleure pérennité des réformes successives. Le manque de performances en lecture et le déclin des écoliers français sont des inquiétudes réelles pour tous.

Les données qui nous sont fournies par la nouvelle enquête PIRLS renseignent sur les résultats d’élèves de CM1 qui sont entrés à l’école en 2011/2012, et qui ont suivi des programmes scolaires de 2008, élaborés par les responsables de l’époque.

Selon l’OCDE la France est le pays où les élèves du primaire travaillent le moins de jours, soit 162 jours par an, contre 183 pour la moyenne européenne et 188 pour l Allemagne.

Dans la plupart des pays de l’ OCDE , les enfants sont scolarisés 5 jours par semaine et en Israel 6. Or, après le dernier décret que vous avez signé en juin, ce nombre d’heures va encore diminuer à 144 jours.

Ce qui signifie que les apprentissages sont encore plus concentrés sur des journées trop longues et donc moins productifs.

Vous évoquez pour justifier cette décision une étude de la DEPP de 2016 selon laquelle les écarts dus à l’organisation du temps scolaire sont moins importants que ceux imputables  au contexte socio économique de l’école ou aux caractéristiques socio culturelles des parents. Nous en sommes conscients, mais d’une part cette étude a comparé diverses organisations du temps sur cinq jours et pas avec quatre jours.

D’autre part, si sans doute ces données sont primordiales, et même si nous comprenons les soucis budgétaires des communes,  le fait de supprimer une matinée de classe ne peut qu’aggraver les inégalités.

Après les coupes sombres dans les effectifs des enseignants et leur formation  durant les ministères Darcos et Chatel, il a fallu à la gauche plusieurs années pour réparer les dégâts, recruter des enseignants en nombre, rétablir leur formation, et redonner une matinée supplémentaire de classe aux enfants. L’actuel coup de barre en marche arrière, même s’il convient aux adultes, est là encore, critiqué par l’ OCDE.

Certes, tout n’est pas quantitatif, et le qualitatif compte aussi dans l’éducation. Les données montrent que la motivation des enfants, le soutien de leurs parents à la lecture, la bonne ambiance parmi les enseignants et la promotion de bonnes pratiques éducatives, sont importante pour la réussite des enfants.

Mais revenir sur des réformes tout justes installés comme celle des rythmes scolaires, réformes du collège, éducation prioritaire, ne va pas dans le bon sens, car une fois de plus le quotidien des élèves et des enseignants se retrouve bousculé sans que les évolutions antérieures aient eu le temps de produire leurs effets.

Monsieur le Ministre, comment sera-t-il possible pour nos enfants d’atteindre le même niveau que les autres enfants européens en travaillant nettement moins de jours ?

Je vous remercie.