Le vendredi 13 avril 2018, j’étais aux côtés de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et du maire du 19e arrondissement François Dagnaud pour visiter le campement de migrants installé derrière le Millénaire, près de la porte de la Villette. Près de 2.000 personnes y vivent dans des conditions très précaires. Nous avons rencontré les riverains et des occupants du campement qui dorment sous un pont, à l’ombre du boulevard périphérique. Majoritairement soudanais et érythréens, les occupants sont chaque jour plus nombreux.

Les migrants sont habilités à revendiquer des droits humains – à la liberté, à la santé, à l’éducation, au logement. La politique de prise en compte des demandeurs d’asile ne peut signifier de les laisser entassés indéfiniment dans des camps délabrés, souvent dans un vide juridique et incapables de travailler légalement.

Cette visite, à la porte d’Aubervilliers, montre l’importance de la mise à l’abri de ces personnes, sinon il y aura un nouveau campement de milliers de gens en grande difficulté aux portes de Paris. L’exemple de Calais ou de la Grande Synthe montre qu’il faut le faire sans plus tarder.

Le projet de loi Asile/Immigration adopté en première lecture à l’Assemblée dans la ligne de nombreuses autres auparavant, s’ingénie à créer des obstacles de plus en plus nombreux à la migration internationale, avec un impact considérable sur les droits et la dignité. Cette loi ferme les petites opportunités qui permettaient à certains de passer à travers les mailles du filet, mais va plus loin puisqu’il remet en cause des droits de la personne comme celui de vivre en famille, refusant de prendre en compte le fait d’avoir un enfant français si la preuve des subsides alloués n’est pas rapportée.

Mais les vraies causes de ces errances sans fin ne sont pas traitées.

Pour pouvoir régler ces problèmes durablement, il faut répondre à deux situations : d’une part, à celle des « dublinés », qui se déplacent en permanence à travers toute l’Europe. Il faut donc revoir ce règlement européen inéquitable pour les pays d’entrée et qui ne permet pas d’examiner sérieusement les dossiers de personnes présentes sur notre territoire.

D’autre part, des personnes séjournant en France ne peuvent être renvoyées dans leur pays car elles risquent d’y subir des traitements inhumains et dégradants. Or, les autorités persistent à ne pas leur donner de titre de séjour, quand ils sont déboutés de l’asile. Le projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie ne répond pas à ces deux situations. Si nous réglons ces deux problèmes, il y aura, j’en suis persuadée, beaucoup moins de gens dans des campements ou errant à travers notre pays.

Une intervention de l’Etat, qui a la compétence de l’hébergement d’urgence, s’impose rapidement car aucune collectivité locale, aucune association si dévouée soit elle ne peut par elle-même apporter des solutions durables. Les faits sont têtus et les pétitions de principe ne suffisent pas pour évacuer les difficultés.