Le tribunal administratif de Paris a décidé  d’annuler la piétonnisation des voies sur berge. S’il ne saurait être question de critiquer une décision de justice, il serait pourtant regrettable que cette remise en cause de la procédure, porte atteinte aux enjeux de fond nécessités par l’indispensable lutte contre la pollution et les particules fines.

La délibération du 26 septembre 2016 du Conseil de Paris déclarant d’intérêt général l’opération de piétonnisation des berges de la rive droite de la Seine est une mesure d’intérêt  général qui s’inscrit dans l’esprit des engagements  con- tractés par notre pays à la COP21 de décembre 2015 relative aux changements climatiques.

Face aux maux inédits que rencontre notre planète, de nouveaux remèdes doivent être trouvés, sinon  la crise environnementale qui menace notre monde commun continuera de s’aggraver.

Longtemps, le monde du progrès industriel, technique a avancé, s’est « couché de bonne heure » sans se préoccuper des conséquences écologiques qu’il trouverait à son réveil.

Le monde d’aujourd’hui est précisément ce monde du lendemain. Notre monde est déjà confronté aux conséquences que peut avoir toute action humaine lorsqu’elle ne s’adosse pas à une éthique de la responsabilité et à une vigilance inquiète quant à l’impact que peut avoir toute action présente, sur les générations à venir.

Il fut une époque, pas si lointaine, où le temps était à « refaire le monde ». Le temps est aujourd’hui venu d’empêcher que notre monde ne se défasse.

Certes, les désagréments que peuvent rencontrer les Parisiens et les Franciliens pour lesquels la voiture est un moyen de transport pour aller travailler, faire leurs courses ou rejoindre leurs proches, sont réels. Mais nul ne peut aujourd’hui s’estimer indifférent au sort de notre planète et se considérer comme pur spectateur de la catastrophe environnementale, humaine et morale qui risque de s’accomplir si nous n’y prenons garde.

Face à cette perspective, chacun est interpellé subjectivement. Soit, nous nous comportons en responsabilité, malgré les désagréments et les inconforts, soit nous nous faisons complices du désastre qui nous menace.

Chacun doit prendre la mesure de ce que son comportement individuel a un impact direct sur ces questions, sur leur aggravation, ou au contraire sur les solutions  à y apporter.

Le souci écologique est un acte de solidarité du présent envers l’avenir. La responsabilité qui nous incombe est une responsabilité envers les générations qui viendront après nous, mais également une responsabilité envers le monde lui-même.

La décision d’Anne Hidalgo de piétonniser les rives de Seine a été prise en sachant que cette mesure pourrait affecter sa popularité. Cette décision n’en est que plus courageuse et s’insère dans un vaste plan de changement de nos modes de vie.

Si nous souhaitons enrayer la catastrophe environnementale annoncée, nous devons collectivement accepter de nous dessaisir de certains agréments qui étaient les nôtres. L’imminence du péril environnemental est tel que nous ne pouvons plus faire face à nos responsabilités sans qu’il nous en coûte – sans cela le combat  écologique n’est qu’un discours d’estrade  vide de sens.

De surcroit il est dommage de vivre près des berges de Seine classées  au Patrimoine mondial de l’humanité et de ne pas en profiter, qu’on habite Paris, la région Ile de France ou ailleurs.

Souhaitons donc que les autres partenaires, suite aux concertations utiles, soient convaincus par la nécessité de refuser une autoroute urbaine dans la Ville pour privilégier  les circulations douces et la flânerie sur ces magnifiques berges de Seine emblématiques de Paris.