En 1924, la France, sous la houlette de Pierre de Coubertin, accueillait les huitièmes olympiades. Cent ans plus tard, en 2024, Paris organisera les prochains Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP). La commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée Nationale, dont je suis membre, examinera le projet de loi relatif à l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 le 11 décembre 2017.

Cet événement représente une formidable opportunité de dynamiser l’ensemble de notre territoire, de nous fédérer autour de valeurs et d’un projet commun, de réaffirmer au monde notre engagement écologique. Il représente aussi de grandes responsabilités : laisser à nos générations futures un riche héritage, notamment en termes d’infrastructures, démocratiser davantage la pratique du sport pour tous, entériner l’implication de nos sociétés contre le réchauffement climatique… À l’occasion de la Coupe du monde de rugby, organisée en Afrique du Sud en 1995, Nelson Mandela clamait que le sport avait le pouvoir de « changer le monde » : Paris devra le montrer en 2024, en inscrivant les JOP dans une démarche qui dépassera ces deux semaines d’intenses festivités.

D’abord, on estime que les JOP 2024 généreront entre 120 000 et 250 000 emplois pérennes jusqu’en 2034, notamment dans les secteurs du BTP, de l’ingénierie, du tourisme et de l’animation. Notre principal objectif, c’est que ces emplois profitent d’abord à nos entreprises locales, notamment en Seine-Saint-Denis, département qui compte plus de 118 000 personnes sans activité.

Ils représentent aussi un réel accélérateur d’investissement, à l’image des Jeux de Barcelone, en 1992, qui avaient totalement transformé la capitale catalane : celle-ci a amélioré son réseau de transports, a su réutiliser la plupart des installations olympiques et accueille désormais des manifestations sportives de premier plan. Cette ambition doit nous animer, ici à Paris.

Les sites des JOP seront principalement regroupés au sein de deux grandes zones : la zone Paris centre, concentrée dans le cœur de Paris, d’une part ; et la zone du Grand Paris, située en Seine-Saint-Denis, autour du Village olympique, du Stade de France et du Village des médias au Bourget, d’autre part. Notre principal atout réside dans le fait que 95% des sites sont déjà existants, dont certains bénéficieront de travaux d’amélioration ou de rénovation. Seuls deux sites de compétition permanents seront construits (le centre aquatique de Saint-Denis et Paris Arena II). Cet élément décisif a permis à la candidature de Paris de présenter un budget limité à 6,6 milliards d’euros. En effet, si les expériences passées ont montré que le budget initialement présenté a largement été dépassé (à l’instar des JO de Pékin dont le coût total a atteint 40 milliards d’euros), contrairement à ses prédécesseurs, la « ville lumière » a fait le choix de s’appuyer sur ses infrastructures existantes, ce qui évitera d’alourdir la facture finale. Comme Anne Hidalgo l’affirmait en 2014, nous voulons prouver que « les Jeux dispendieux ne sont plus du tout d’actualité. » Il nous reviendra de nous en assurer, en exerçant un contrôle rigoureux.

Une telle manifestation, d’envergure planétaire, exige aussi que de nombreux projets sortent de terre ou s’accélèrent, pour accueillir dans sept ans un flux considérable de visiteurs. Ainsi, quatre lignes de métro du Grand Paris Express, faisant le tour la capitale, seront en circulation dès 2024, pour une mise en service complète d’ici 2030 ; le Charles-de-Gaulle Express, qui reliera l’aéroport à la gare de l’Est, sera également effectif ; et les transports publics seront aménagés pour en garantir l’accès aux personnes en situation de handicap. Par ailleurs, le Village olympique de Saint-Denis et le Village des médias de Dugny-Le-Bourget accueilleront les quelques 10 500 athlètes, leurs équipes, et les 20000 journalistes attendus du monde entier. En tant que Députée du XXème arrondissement de Paris, je suis quotidiennement confrontée aux problématiques liées au logement, constatant que l’offre ne répond pas à la demande croissante d’une population souvent dans le besoin. Dans ma circonscription, 16 000 demandes de logements sont toujours en attente, 17 000 en Seine-Saint-Denis. Je porte donc une attention toute particulière à la reconversion de ces hébergements, pour que les JOP ne constituent qu’une phase transitoire d’utilisation. Contrairement à Rio, où de nombreuses infrastructures sont déjà à l’abandon, nous nous devons à Paris d’être exemplaires sur ce point et d’assurer la réutilisation des installations mises en place, au bénéfice durable des Français.

De plus, nous devons nous servir de l’événement le plus suivi du monde comme d’un levier pour promouvoir et encourager la pratique sportive pour tous, alors qu’une part trop importante de la population ne pratique pas de sport régulièrement. L’Ile-de-France accuse un sérieux retard en termes d’équipements sportifs : elle en comptait 23,7 pour 10 000 habitants en 2011, alors que la moyenne nationale était de 39,9 équipements. Plus précisément, la Seine-Saint-Denis occupait en 2015 le bas du classement des départements les moins bien dotés avec seulement 2 équipements pour 1 000 habitants. À titre d’exemple, dans ce département, un enfant sur deux entre au collège sans savoir nager et la piscine Marville, construite en 1974, attend des travaux depuis des années. Je souhaite que notre statut de ville hôte nous permette de renforcer l’accessibilité de tous aux infrastructures sportives et, par là même, la cohésion sociale de notre pays.

Enfin, Paris a placé sa stratégie en termes de développement durable cœur de sa candidature. Conçus comme les premiers Jeux pleinement alignés sur l’Accord de Paris pour le climat, les JOP 2024 affichent de vastes ambitions : 100% des spectateurs se déplaceront en transports publics ou partagés, 100% de l’énergie utilisée sera de l’électricité verte, l’impact environnemental de la construction du Village olympique et paralympique représentera moins de 30% de l’impact total grâce à des bâtiments éco-responsables… Des promesses de campagne ambitieuses, qu’il faudra impérativement tenir. En tant que ville mondiale au premier rang de la lutte contre le dérèglement climatique, cette volonté doit se concevoir comme un véritable devoir. La question que nous devons nous poser, c’est celle de la marque que cet événement laissera sur le long terme, comme facteur de changement.