Je suis intervenue à la commission des affaires étrangères pour l’examen des crédits de la mission budgétaire « Aide publique au développement ». Lors du discours de Ouagadougou le président de la République nous a dit qu’il était temps de franchir une nouvelle étape dans la politique française de solidarité internationale. Il faut évoluer et redéfinir certains enjeux et moyens de notre politique d’Aide Publique au Développement car le contexte a changé depuis ces dernières années. Il s’agissait à l’origine dans la doctrine Truman de développer une nouvelle vision du monde et de considérer les pays les moins avancés, non plus dans la logique de la colonisation mais comme des partenaires à part entière. Certes ils devaient progresser pour arriver au même niveau de revenu et d’aisance mais ils étaient autour de la table dans la logique de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Les sommes engagées ne sont pas suffisantes aujourd’hui encore pour remplir l’objectif de 0,7 % qui a été fixé depuis bien longtemps. Nous sommes assez loin du compte. Par ailleurs, suite à la COP 21 nous avons affirmé la responsabilité des pays développés qui se sont engagés pour aider les autres pays à évoluer et à se doter d’énergies renouvelables. C’est un engagement que ce budget « Aide publique au développement » doit traduire. Or s’il y a une augmentation, nous restons loin du 0,55 % du RNB.

La taxe sur les transactions financières était spécifiquement affectée à la solidarité internationale. Aujourd’hui il ne s’agit plus que de 50 %, le reste étant compensé par une dotation budgétaire. Or, rien ne garantit que cette dotation sera sanctuarisée par la suite et il serait préférable que la taxe soit clairement et directement affectée dans le budget. Nous pouvons comprendre qu’il y ait de la part du Gouvernement un désir d’évoluer vers plus d’aide bilatérale, mais cela supposerait que l’augmentation de l’aide bilatérale soit significative, ce qui n’est pas le cas. Ce budget laisse donc une impression mitigée pour ce qui concerne l’Aide Publique au Développement.