Monsieur le Président de la République, cher François
M. le Conseiller régional, cher Pierre,
MM les élus municipaux, cher Hamidou, cher Epara,
Mme et M. les présidents d’associations,
M. le Président du Comité de soutien, cher Jean Michel,
M. le député suppléant, cher Thomas Chevandier,
M. le président du Samu Social, cher Eric Pliez,
A vous tous, chers amis,
Je suis très heureuse de vous retrouver si nombreux pour cette année qui s’ouvre et très honorée que le Président de la République que nous avons la chance de compter désormais parmi nos voisins nous ait fait le plaisir d’être parmi nous ce soir. J’espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année parmi les vôtres et vous souhaite avant toute autre considération le meilleur pour vous et ceux qui vous sont proches pour cette année 2020 qui s’ouvre.
Une année s’est écoulée depuis la cérémonie des vœux qui nous avait réunis au restaurant Chez Papa et il nous faut reconnaître, sans catastrophisme ni joie mauvaise, que la situation de notre pays et de nos concitoyens ne s’est pas améliorée.
En 2017, le groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale dont je fais partie, avait choisi collégialement de faire crédit à Emmanuel Macron lors de son arrivée à l’Elysée. Nous étions vigilants, nous étions sur nos gardes, mais nous avions décidé de donner sa chance au nouveau Président et donc de nous abstenir lors du vote de confiance au gouvernement, en attendant de voir quelle politique il entendait mener.
La France, le quinquennat de François Hollande nous l’avait démontré, avait besoin de cohésion et d’unité – cohésion et unité que notre Président et son Premier ministre Bernard Cazeneuve, au cœur du terrible maelstrom des attentats, étaient parvenus à conserver et à protéger.
Or, une année à peine s’était-elle écoulée avec son lot de décisions contestables prises par Emmanuel Macron, que la France faisait face à l’une des crises sociales les plus préoccupantes et les plus violentes que le pays ait connue au cours des dernières décennies.
La crise des gilets jaunes s’est faite le révélateur et le détonateur du morcellement de notre société. Nous étions face non seulement à une crise socio-économique, mais également à une crise de notre faculté à faire société. Ce mouvement a eu une vertu, celui de sortir une France de l’invisibilité. Une France oubliée, qui a mis des gilets fluorescents parce qu’elle voulait être regardée.
Mais de justes revendications sont devenues l’occasion d’un déferlement de violence et de haine. Des représentants de l’Etat, des élus, des policiers, des gendarmes, des fonctionnaires territoriaux, des pompiers, des journalistes ont été insultés, menacés, et parfois tabassés et nous avons vu avec effroi ressurgir sur nos murs des slogans racistes et antisémites. A l’inverse, nous avons vu resurgir aussi des violences policières inadmissibles.
Alors que le Président Hollande était parvenu à réaliser, au cœur de l’un des moments les plus tragiques de notre Histoire, la concorde et l’unité nationale, Emmanuel Macron laisse notre pays se fracturer sous nos yeux.
Depuis, un autre conflit s’est ouvert, non moins éclatant, non moins décisif et non moins belliqueux : celui engendré par le projet de réforme des retraites.
La grève dans les transports entre dans son 43e jour et aucun accord n’a pour l’heure été trouvé par le Gouvernement. Nous les parisiens qui sommes en première ligne, nous commençons à être lassés de la marche à pied. A une présidence de la négociation, de l’écoute et du compromis, a succédé une présidence de l’indifférence et du passage en force. Plus inquiétant, c’est un sentiment d’impréparation et d’improvisation, parfois même de contradiction, qui se dégage. Le Gouvernement a mélangé deux débats, celui du financement du régime des retraites et celui de la nature du régime des retraites. Il s’y est si bien empêtré que malgré les concessions faites aux diverses catégories concernées, il semble désormais en grande difficulté pour imposer son projet et en sortir dans de bonnes conditions.
Je laisserai le Président nous donner son sentiment sur la période mais il faudrait rappeler que Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, avait porté sous le précédent quinquennat une réforme comportant de réelles avancées pour les futurs retraités, et notamment la création d’un compte de prévention de la pénibilité, basé sur dix critères. Cette réforme a été vidée de son contenu par la nouvelle équipe en place au grand dam des futurs retraités.
Nous, socialistes, en cette année 2020 qui marque le centenaire du Congrès de Tours où une grande majorité des socialistes avaient quitté la vieille maison, nous devons continuer malgré le vent mauvais, sans nous laisser décourager par les départs, les sarcasmes de la presse, ou les sondages médiocres. Il nous appartient comme l’avaient fait nos pères fondateurs, Jaurès, Blum, Mendès, Mitterrand à porter haut un projet de justice sociale, un projet de gauche réformiste sans nous grimer en révolutionnaires que nous ne sommes pas. Face au néo-libéralisme et aux extrémismes de toute nature, l’idéal socialiste oppose un projet de société dont nul n’est exclu, d’où qu’il vienne, qui qu’il soit, quel que soit ses croyances ou le montant sur son compte en banque.
Il nous faut donc agir dès aujourd’hui sans nous décourager. Rappelons-nous ce que disait Camus : « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. »
Je suis désormais à mi-mandat et sans chercher à égrener une liste trop longue et trop fastidieuse des travaux menés à l’Assemblée, je souhaiterai revenir sur certains combats et certaines missions que j’ai portés au cours de ces trente derniers mois. Nous ne sommes plus que 28 députés, dont une grande majorité en province, dans les petites villes et d’outremer pour 4 d’entre nous, avec un nombre de collaborateurs réduit, donc une difficulté réelle à assurer une présence efficace sur tous les textes et toutes les séances. Heureusement que ma petite équipe à l’Assemblée, avec Jean, Ruben et Simon s’efforce de faire face au mieux sur tous les textes dont nous sommes saisis.
Dans un premier temps j’ai travaillé surtout sur les sujets Education, Culture, Recherche, notamment :
– le projet de loi de finances 2018 sur les crédits de la mission Recherche et enseignement supérieur
– la proposition de loi visant à créer un droit voisin au profit des éditeurs de services de presse en ligne
– la mise en œuvre de la plateforme Parcoursup
– la proposition de loi relative à l’inclusion des élèves en situation de handicap
– J’ai déposé un rapport sur la distribution de la presse et sa nécessaire modernisation.
Aujourd’hui encore, je suis par intérêt personnel et en raison de leur importance dans la vie quotidienne de nos concitoyens les questions relatives à l’école et à l’éducation. Et nous savons qu’aujourd’hui malgré les belles promesses de M. Blanquer, les enseignants s’interrogent sur les évolutions de leur métier, sur leur retraite, sur ce qui est attendu d’eux en particulier avec la réforme du bac.
Par ailleurs une réforme importante du système audiovisuel est en gestation depuis longtemps. Nous y serons très attentifs, car si sans doute il faut adapter l’organisation des media aux évolutions techniques intervenues, il faut se méfier des économies réalisées à marche forcée en sacrifiant des programmes ou des chaines de qualité, et des tentations de reprise en main de l’audiovisuel par la tutelle.
Depuis que j’ai regagné la commission des lois, j’ai travaillé sur divers textes, comme le projet de loi relatif à la bioéthique qui comporte une avancée dont chacun a parlé sur la PMA dans un couple de femmes mais surtout des interrogations vertigineuses sur la conception et la transmission de la vie, les recherches sur des cellules souches, la conception post mortem.
Depuis plusieurs mois, nous sommes aussi aux prises avec la proposition de loi visant à lutter contre la haine sur internet qui cherche à mieux encadrer ce qui se passe sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche, où aujourd’hui prolifèrent des propos qui avaient disparu des journaux ou de émissions télé, même CNews, mais il faut reconnaitre que trouver un juste équilibre entre la liberté d’expression et le respect de la dignité des gens, tout comme s’attaquer aux puissants GAFA est un défi fort ambitieux et pas gagné d’avance.
Bizarrement, de grands textes qui avaient été annoncés, comme la réforme constitutionnelle ou la réforme du Parlement sont ajournés sine die, sans doute par prudence.
Enfin, je voulais aussi vous dire un mot de notre action en circonscription. Avec Nathalie Maquoi, nous avons mené un âpre combat pour soutenir le Tarmac, le seul théâtre d’Ile de France, voire de France, consacré à la littérature francophone, combat qui n’a finalement pas abouti. Je pense d’ailleurs ce soir à Valérie Baran qui a désormais quitté Paris et qui a été remplacée par une proche du pouvoir.
Nous continuons à œuvrer du mieux que nous pouvons pour soutenir les associations dans ces moments difficiles, où elles sont souvent aux prises avec des difficultés financières. Mais malheureusement ce nouveau monde a supprimé la réserve parlementaire, qui nous permettait d’aider un peu quelques associations, même au compte-goutte. Nous nous en sommes émus sur le moment, mais je crois que les députés marcheurs ont compris aussi maintenant leur erreur.
Nous continuons à tenir des permanences parlementaires pour entretenir le dialogue avec les habitants du XX°, et pour les aider dans leurs difficultés quotidiennes, notamment les plus démunis et fragilisés. Ces difficultés, nous ne pouvons que le constater, ne vont pas en s’améliorant. Je tiens, ici, à saluer tout particulièrement la qualité du travail, l’abnégation et le dévouement de Margaux dont les permanences sont de plus en plus fréquentées.
Merci de m’avoir écouté et d’être si nombreux une fois encore. Sur tous ces sujets prépondérants pour le devenir de notre pays, de notre cohésion sociale, de notre solidarité nationale, je sais pouvoir compter sur vous tous, militants du XXème arrondissement, mais aussi citoyens engagés ou fonctionnaires d’Etat d’institution publique qui ont un rôle déterminant pour nos concitoyens au quotidien. Je compte sur votre soutien, vos réflexions et votre implication pour que je puisse au mieux défendre notre intérêt général à l’Assemblée nationale. Je compte sur vous pour défendre les valeurs qui sont les nôtres, celles du XXème, celles d’une société ouverte et respectueuse des identités de chacun, celles d’une société solidaire qui tend une main amie, fidèle et bienveillante aux plus humbles et aux plus vulnérables, celles d’une société dynamique qui fait une place à sa jeunesse, à ses acteurs de terrains et qui prépare l’avenir.
Je souhaite enfin que dans les prochaines échéances, la gauche et les forces de progrès puissent se rassembler pour que nous puissions garder à Paris sa maire, Anne Hidalgo, une femme de gauche, déterminée à faire évoluer la ville dans un sens plus solidaire et plus écologique. Et souhaitons qu’elle puisse s’appuyer ici dans le 20°, sur une équipe renouvelée, active et proche des habitants.
Dernier mot, nous allons vous inviter comme de coutume à prendre le verre de l’amitié, mais nous n’avons pas voulu, à un moment où on parle beaucoup de lutte contre le gaspillage, où nous venons de voter un texte de loi limitant la vaisselle à usage unique, prendre des coupes en plastique jetable. Donc vous boirez dans des gobelets recyclables. C’est moins joli et peut être moins bon mais c’est pour la bonne cause.
Encore une fois, pour vous tous enfin, une année pleine de joie et de réalisations positives et d’amitié.