Sans aucun doute, ce film est une déclaration d’amour à Barbara qui a vécu de 1946 à 1959 au 50, rue Vitruve dans le vingtième arrondissement. J’aime Barbara, d’abord pour ses complaintes et sa voix, mais aussi pour son personnage complètement en rupture, cette artiste jusqu’au bout des ongles, jamais lisse, qui le faisait si bien transparaître dans ses textes. Jeanne Balibar porte une interprétation brillante et époustouflante de l’auteur/interprète d’ »Une petite cantate », mimétisme dans la silhouette, le visage et la voix, Jeanne Balibar interprète Brigitte qui interprète Barbara. Dans ce jeu de miroir à trois faces, d’une esthétique souvent sublime, le réalisateur nous manipule pour saupoudrer le film d’anecdotes sur la longue dame brune sans jamais écorner le mythe ni lui enlever son mystère. Ce film est décalé, parfois incompréhensible et pour moi Barbara c’était ça, une poétesse, dans sa faiblesse et sa force.